
Fouché était un homme contrasté, capable à la fois de grandes trahisons et d'une dévotion aveugle au pouvoir en place. Son ambition débordante l'amène à changer constamment de position pour satisfaire ses propres intérêts. Éduqué dans la congrégation de l'Oratoire, il n'hésite pas à abandonner sa formation religieuse pour se livrer au pillage des églises et à la profanation de tout ce qu'il avait défendu, notamment pendant la Révolution française. Il est l'un des principaux responsables du massacre de Lyon, qui entraîne la destruction de la ville et la mort de la quasi-totalité de sa population. Il vote pour l'exécution de Louis XVI et devient ensuite ministre de Louis XVIII. Napoléon le nomme ministre de la Police avec les pleins pouvoirs, le craignant autant qu'il en a besoin. Mais Fouché sut s'opposer aux ambitions impériales de Bonaparte, ce qui mit fin à sa carrière politique.
Dans cette biographie, Zweig présente un homme oublié de l'histoire de France, dont le seul but était de rester au pouvoir, même au prix de sa réputation et de son prestige politique. Pour ce faire, il a manœuvré dans l'ombre, manipulé discrètement et ne s'est manifesté que lorsque cela lui convenait.
En ce qui concerne la caractérisation psychologique de Fouché, la biographie de Zweig offre un brillant portrait d'un homme rusé et ambitieux, prêt à justifier tous les moyens pour parvenir à ses fins. Ses dernières années se sont déroulées paisiblement à la campagne, loin de la politique, réconcilié avec lui-même et avec Dieu.